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89. La Danse du Soleil et de la Lune : l'Astronomie Cachée (et les Disputes) Derrière l'Histoire de Pâques


  1. Disputes


Quand la reine jeûnait et le roi festoyait


Au printemps 665, un étrange drame familial se déroula à la cour royale de Northumbrie. La reine Eanflæd observait le dimanche des Rameaux par un jeûne solennel, tandis que son époux, le roi Oswiu, célébrait joyeusement Pâques, le même jour. La reine suivait la coutume romaine, le roi la tradition celtique. Deux Pâques, côte à côte dans la même maison royale, chacune avec son propre cycle de fêtes et de jeûnes, chacune fondée sur une méthode différente de calcul du temps.


Comme l'a dit Bède :

À cette époque, une grande et fréquente controverse éclata au sujet de la célébration de Pâques ; des personnes venues du Kent ou de France affirmaient que les Écossais célébraient le dimanche de Pâques contrairement à la coutume de l'Église universelle. Parmi eux se trouvait un ardent défenseur de la véritable Pâques, Ronan, Écossais de nationalité, mais instruit dans la vérité ecclésiastique, soit en France, soit en Italie. Disputant avec Finan, il convainquit beaucoup de personnes, ou du moins les incita à une recherche plus rigoureuse de la vérité. Cependant, il ne parvint pas à convaincre Finan, mais, au contraire, le rendit plus invétéré par ses reproches, et en fit un opposant déclaré à la vérité, étant d'un tempérament irascible et violent. Jacques, ancien diacre du vénérable archevêque Paulin, comme nous l'avons vu plus haut, célébrait la véritable Pâques catholique, avec tous ceux qu'il parvint à persuader d'adopter la bonne voie. La reine Eanfleda et ses disciples observaient également la même pratique qu'elle avait vue dans le Kent, accompagnées d'un prêtre kentois catholique, nommé Romanus. On raconte qu'à cette époque, Pâques était célébrée deux fois dans l'année ; et que lorsque le roi, ayant mis fin au jeûne, célébrait Pâques, la reine et ses disciples continuaient de jeûner et de célébrer le dimanche des Rameaux. (4)
Anglo-Saxon kingdoms of the early 7th century, Wikimedia Commons
Anglo-Saxon kingdoms of the early 7th century, Wikimedia Commons

Oswiu, puissant roi du royaume anglo-saxon de Northumbrie, avait été élevé dans la tradition chrétienne irlandaise, après avoir passé sa jeunesse en exil parmi les moines d'Iona. Sa reine, Eanflæd, était originaire du royaume méridional du Kent, où des missionnaires romains menés par Augustin avaient introduit les coutumes de l'Église continentale. Leur mariage était une alliance politique, unissant deux courants majeurs du christianisme anglais primitif, mais leur foyer incarnait un conflit culturel plus vaste. Même les moines, dans leurs chapelles, ne parvenaient pas à se mettre d'accord sur le moment du début du jeûne du Carême, de sa rupture ou de la célébration de la Résurrection.


L'embarras du désaccord royal de Pâques, consigné avec une frustration amusée par Bède le Vénérable, révélait une tension plus profonde : comment cerner le sacré dans les cycles changeants du soleil et de la lune ? Et à quel calendrier se fier, à celui de Rome ou à celui d'Iona ? Astronomes, prêtres et rois avaient tous un enjeu dans cette arithmétique cosmique. Le débat culmina au synode de Whitby, qui devait convenir d'un mode de calcul de Pâques. Derrière cette politique se cachait un problème plus ancien et plus étrange : le défi séculaire de l'alignement des années solaires et des mois lunaires, une tâche qui avait à la fois intrigué et inspiré les civilisations pendant des millénaires.


La querelle en Grande-Bretagne


Pâques est peut-être synonyme de rédemption et d'espoir, mais son histoire est faite de disputes : désaccords avec les païens, désaccords avec l'Église celtique des premiers temps du christianisme et désaccords avec les juifs, bien que Pâques soit basée sur la Pâque.


Dans l'Histoire ecclésiastique, Bède mentionne la mission d'Aidan, l'évêque irlandais, qu'il admire pour ses vertus chrétiennes, même s'il est en désaccord avec sa vision de la célébration de Pâques. Bède déclare désapprouver la pratique d'Aidan de célébrer Pâques à une date différente de la Pâques canonique (c'est-à-dire celle fixée par l'Église universelle). Cependant, il loue Aidan pour son amour de la paix, sa charité, son humilité et son engagement envers les commandements de Dieu. Les actions d'Aidan étaient conformes aux vertus chrétiennes, mais Bède ne cautionne pas son écart concernant la controverse pascale.


Bède raconte qu'à un moment donné, Peada, fils du roi Penda de Mercie, reçut le royaume des Merciens du Sud. Le territoire qu'il gouvernait serait composé de 5 000 familles, les Merciens du Nord étant séparés par la rivière Trent. Peada fut tué traîtreusement par sa femme, pendant la célébration de Pâques.



Après la mort du roi Penda, Immin, Eafa et Eadbert (généraux merciens) se révoltèrent contre le roi Oswy de Northumbrie. Ils établirent Wulfhere, fils de Penda, comme roi et expulsèrent les officiers étrangers de leurs terres. Tel fut le contexte politique du vaste débat sur la bonne observance de Pâques. Les partisans du Kent et de la France soutenaient que les Écossais (d'Irlande et du nord de la Grande-Bretagne) observaient Pâques de manière incorrecte, conformément aux coutumes universelles de l'Église. Parmi les plus éminents défenseurs de la véritable Pâques figurait Ronan, un Écossais formé aux questions ecclésiastiques, probablement en France ou en Italie.


Malgré ses arguments, Ronan ne parvint pas à convaincre Finan, un évêque écossais, qui resta obstiné dans ses vues. Le conflit autour de la date exacte de Pâques aboutit à deux Pâques célébrées dans certaines régions, un groupe célébrant Pâques plus tôt (suivant la tradition du Kent) et l'autre plus tard (selon la tradition écossaise).


La controverse sur l'observance de Pâques devint encore plus importante après la mort de Finan et l'accession de Colman à l'épiscopat. Colman, également missionnaire écossais, continua de défendre la célébration traditionnelle écossaise de Pâques, ce qui donna lieu à de nouveaux conflits, notamment avec le roi Oswy et son fils Alfrid. Oswy, converti par les Écossais, maîtrisait leur langue et favorisait initialement leurs pratiques. Cependant, son fils Alfrid, influencé par les enseignements de Wilfrid (qui avait été éduqué à Rome et en France), estimait que la pratique romaine de Pâques était plus correcte.


Wilfrid, personnage clé de ce conflit, joua un rôle déterminant dans la diffusion de l'observance romaine de Pâques. Il affirmait que la pratique romaine avait été suivie par les apôtres Pierre et Paul et qu'elle était celle que tous les chrétiens devaient observer. Il soutenait également que la pratique romaine était conforme à l'Évangile et à la loi, car elle n'était pas en conflit avec les enseignements du Christ. Il ridiculisait la pratique écossaise, qu'il jugeait incompatible avec la loi et les enseignements des apôtres.

... Le synode a également abordé les différends concernant la tonsure (la façon de raser la tête des moines), qui était un autre point de discorde entre les traditions celtique et romaine. Oswiu a clairement indiqué que ceux qui servent le Dieu unique doivent suivre les mêmes règles, et il a choisi de s'aligner sur les pratiques établies Il s'est installé à Rome et a plaidé pour l'uniformité dans la célébration de Pâques.


Au synode, Colman a défendu la tradition écossaise, citant saint Jean l'Évangéliste comme un exemple clé de respect des coutumes chrétiennes primitives. Cependant, Wilfrid a contesté cette position en soulignant que la pratique de Jean était conforme à la loi mosaïque et que l'Église primitive avait adapté ses pratiques pour éviter les tendances judaïsantes. Wilfrid a soutenu que les apôtres avaient finalement adopté une pratique plus universelle, conforme à la tradition de Pierre à Rome.


Oswiu, en quête d'unité et d'ordre pour son royaume, s'est rangé du côté de la méthode romaine de calcul de Pâques. La reine Eanflæd s'est rangée du côté du camp le plus puissant dans le conflit. Ainsi, après deux Pâques célébrées une année en Bretagne, la reine de Northumbrie a obtenu gain de cause.


Autre dispute : Patrick et le roi Loíguire


Saint Patrick était un allumeur de feu. Voici comment Muirchú raconte l'histoire de Patrick allumant le feu pascal sur la colline de Slane, en Irlande :


§ 1.15 : Cette année-là, se tenait une fête païenne, que les païens célébraient par de nombreuses incantations, des rites magiques et d'autres actes superstitieux d'idolâtrie. Les rois, les chefs régionaux, les chefs, les princes et les nobles du peuple s'y rassemblèrent ; de plus, les druides, les devins, les inventeurs et les maîtres de tous les métiers et de toutes les techniques furent également convoqués auprès du roi Loíguire à Tara, qui était pour eux comme Babylone, tout comme ces hommes avaient été convoqués autrefois auprès de Nabuchodonosor [dans la Bible]. Ils célébrèrent leur fête païenne la nuit même où saint Patrick célébrait Pâques.

Ils avaient aussi une coutume, annoncée publiquement à tous, selon laquelle quiconque, dans n'importe quel district, proche ou lointain, allumait un feu cette nuit-là avant qu'il ne soit allumé dans la maison du roi, au palais de Tara, serait mis à mort. Saint Patrick, célébrant la sainte Pâques, alluma le feu divin de sa vive lumière et le bénit. Il brilla dans la nuit et fut aperçu par presque tous les habitants de la plaine [autour de Tara].

Ainsi, le feu de sa tente fut aperçu à Tara. En le voyant, tous le contemplèrent et s'étonnèrent. Le roi convoqua les anciens et leur dit : « Qui est l'homme qui a osé commettre un acte aussi impie dans mon royaume ? Il mourra. » Ils répondirent tous qu'ils ignoraient qui l'avait fait, mais les druides répondirent : « Roi, puisses-tu vivre éternellement ! Ce feu que nous voyons a été allumé cette nuit avant celui de ta maison, et s'il n'est pas éteint cette même nuit, il ne s'éteindra jamais ; il surpassera même tous les feux de nos coutumes, et celui qui l'a allumé, ainsi que le régime instauré par celui qui l'a allumé cette nuit, nous domineront tous autant que toi, et séduiront tous les habitants de ton royaume. Tous les royaumes lui succomberont, et il s'étendra sur tout le pays et régnera pour l'éternité. »
Colline de Slane, Wikimedia Commons
Colline de Slane, Wikimedia Commons

Le feu que Patrick allume sur la colline de Slane n'est pas une flamme ordinaire. Il est décrit comme divin, béni d'une lumière éclatante qui brille dans la nuit. Le fait que le feu brille avant que le feu royal ne soit allumé à Tara, cœur symbolique du pouvoir païen, suggère une affirmation de la suprématie chrétienne sur les pratiques païennes de l'époque.


L'histoire invite également à des comparaisons avec le feu pascal allumé dans de nombreuses traditions chrétiennes à Pâques, symbolisant la Résurrection du Christ. Le feu pascal est généralement allumé lors de la veillée pascale et est considéré comme un symbole de vie nouvelle. Dans ce récit, le feu est décrit comme ayant été allumé la nuit précédant une célébration païenne. Cet alignement des dates et du symbolisme souligne encore davantage le rôle de Patrick comme personnage qui comble le fossé entre l'ancienne et la nouvelle foi, apportant la lumière du christianisme dans un pays imprégné de traditions païennes.


La question de savoir pourquoi Patrick a accompli un acte aussi audacieux est essentielle pour comprendre la tension entre christianisme et paganisme en Irlande. Bien que la Vita Sancti Patricii ne fournisse pas d'explication explicite aux actions de Patrick, plusieurs raisons peuvent être liées au symbolisme théologique et à la stratégie pratique :


Défier l'autorité païenne : Le feu est directement contraire à l'édit royal interdisant tout feu avant que le feu du roi ne soit allumé. Cet acte de désobéissance constituait un défi clair aux dirigeants païens et témoignait de l'audace de Patrick face à l'ordre ancien. Ce feu, allumé par Patrick, est proche des pratiques célébrées lors de la fête païenne : un phare au sommet d'une colline devait être allumé à une heure précise. Cependant, en l'allumant lui-même, Patrick affirmait la suprématie du Dieu chrétien sur les pouvoirs druidiques et les rituels païens encore très présents en Irlande à cette époque.


Symbolisme théologique : Comme mentionné précédemment, l'acte d'allumer un feu à Pâques peut être considéré comme une proclamation théologique. Dans la tradition chrétienne, la résurrection du Christ est la victoire ultime sur la mort et les ténèbres, et il se peut que les traditions païennes auxquelles Patrick s'opposait aient des points de vue similaires, impliquant vraisemblablement des divinités différentes.


Une forme d'évangélisation : Le choix de Patrick de défier l'ordre du roi peut également être considéré comme un acte évangélique, signalant sa volonté de diffuser le message chrétien de manière spectaculaire et visible. En accomplissant cet acte, il a attiré l'attention non seulement du roi, mais aussi du peuple irlandais, signalant que le christianisme était arrivé en force et était capable de défier l'ordre religieux établi.


La question de savoir comment Patrick a survécu aux menaces du roi est délicate. Selon le récit de Muirchú, le roi Loíguire a ordonné la mort de la personne responsable de l'incendie. Les druides, cependant, semblent reconnaître la signification surnaturelle du feu et son symbolisme, avertissant le roi que s'il n'est pas éteint, il se propagera à travers le pays et submergera à la fois les pratiques païennes et le pouvoir du roi. Du moins, c'est ce que raconte Muirchú. ​​Pourtant, le feu pourrait avoir été perçu comme un présage, annonçant que la foi chrétienne allait prendre le dessus.


Un détail intéressant de la Vita Sancti Patricii est qu'il est dit : « Ils célébrèrent leur fête païenne la nuit même où saint Patrick célébra Pâques.» De toute évidence, la date d'allumage du feu pascal correspond à la veille d'une fête païenne. Nous devons supposer que le feu a été allumé le dimanche de Pâques, date obtenue par un calcul ancien, et nous pouvons même spéculer qu'il pourrait s'agir du même jour que la Pâque. ou un autre jour significatif, ce qui importe est que l'acte ait eu lieu à un moment de transition culturelle, lorsque les anciennes coutumes étaient remplacées par la nouvelle foi. Cependant, dans cette anecdote, il est clair que le moment de cette ancienne fête, qu'il s'agisse de la Pâques chrétienne ou de la fête célébrée par le roi Loíguire, était primordial. Saint Patrick croyait clairement qu'il valait la peine de risquer sa vie au mépris du roi pour affirmer sa croyance en la justesse de la célébration. Si le récit chrétien de la résurrection a dû dominer les croyances de saint Patrick, la conquête des ténèbres par la lumière et le triomphe du printemps sur l'hiver ont peut-être dominé les croyances de la tradition païenne.


La mention des druides dans le récit est également significative. Les druides étaient les chefs spirituels de la société celtique païenne et étaient étroitement associés aux anciennes pratiques religieuses que Patrick cherchait à remplacer. L'avertissement des druides selon lequel le feu ne pourrait être éteint et finirait par submerger le roi et son régime peut être interprété comme une reconnaissance de la puissance du christianisme, qu'il se répandrait dans tout le pays et finirait par remplacer le système païen. Cette idée d’une propagation ordonnée par Dieu est un thème récurrent dans la mission de Patrick et met en évidence la croyance Le christianisme était destiné à s'implanter en Irlande.


Bien avant que Patrick ne rende célèbre la colline de Slane, le site était considéré comme important. Le guerrier et roi Fir Bolg Slaine trouva la mort sur cette colline et y est probablement enterré. On y trouve un tertre, connu sous le nom de « La Motte », inaccessible aux visiteurs et masqué par des arbres qui pourraient être le site. À l'est du tertre se trouve un tumulus circulaire qui pourrait également être le lieu de sépulture de Slaine. (5)


L'histoire de saint Patrick allumant le feu pascal sur la colline de Slane est un moment profondément symbolique de la christianisation de l'Irlande, riche de signification théologique et de tension dramatique. Le feu de Patrick représente l'arrivée de la foi chrétienne en Irlande et s'approprie le symbolisme déjà ancien du triomphe de la lumière sur les ténèbres à une époque choisie pour l'harmonisation symbolique des cycles solaire et lunaire. Si le récit chrétien de la résurrection a dû dominer les croyances de saint Patrick, la victoire des ténèbres par la lumière et le triomphe du printemps sur l'hiver ont peut-être dominé les croyances de la tradition païenne. Allumer le feu pascal, comme le fit saint Patrick sur la colline de Slane, à la vue des rois païens de Tara, était à la fois une déclaration chrétienne audacieuse et un acte profondément symbolique. Dans de nombreuses cultures anciennes, les rituels du feu marquaient la transition de l'hiver au printemps, notamment aux périodes liées aux calendriers lunaires. En Inde, par exemple, la fête de Holika Dahan, célébrée la veille de Holi, consiste à allumer des feux de joie à la pleine lune du mois de printemps de Phalguna, symbolisant le triomphe de la lumière sur les ténèbres et le renouveau de la vie. En Chine, la fête des Lanternes, qui conclut le Nouvel An lunaire, emplit la nuit de la lumière du feu et du symbolisme lunaire, célébrant les retrouvailles et l'harmonie. Ces pratiques suggèrent que le feu, la lune et le printemps sont depuis longtemps liés dans l'imaginaire humain, marquant les seuils entre l'obscurité et la lumière, l'ancien et le nouveau. Le feu de saint Patrick, allumé à l'approche de Pâques, s'inscrit dans cet héritage plus vaste, proclamant la résurrection, mais faisant également écho à des rites saisonniers bien plus anciens, où la lumière renaît sous le regard de la lune.


Le débat sur les liens avec la Pâque juive


   La détermination de la date de Pâques, et son lien éventuel avec la Pâque juive, est devenue un enjeu majeur au cours des premiers siècles du christianisme. Des désaccords théologiques et pratiques ont surgi quant à savoir si Pâques devait être célébrée le même jour que la Pâque juive, ou si elle devait être observée séparément comme une fête chrétienne distincte.


Au cours des premiers siècles, certaines communautés chrétiennes ont continué à célébrer Pâques le même jour que la Pâque juive (le 14 Nisan dans le calendrier juif), quel que soit le jour de la semaine. Cette pratique était connue sous le nom de « pratique quartodécima » (du latin quartodecima, signifiant « quatorzième »). Ces chrétiens croyaient que la fête de la Pâque juive était profondément liée à la Passion et à la Résurrection de Jésus, la Cène de Jésus étant traditionnellement considérée comme un repas pascal. Par conséquent, ils estimaient que les chrétiens devaient célébrer Pâques le même jour que les juifs célébraient la Pâque juive, préservant ainsi le lien entre les deux fêtes.


Le calendrier juif étant basé sur le cycle lunaire, la date de Pessah change chaque année, et certaines communautés chrétiennes souhaitaient ancrer plus fermement la date de Pâques dans l'année solaire. De plus, les premiers chrétiens souhaitaient se distinguer du judaïsme et affirmer que le christianisme était une nouvelle foi dotée de sa propre identité. L'idée de célébrer Pâques le même jour que Pessah, considérée comme une fête juive, était controversée.


Pessah, ou Pessa'h en hébreu, est l'une des fêtes les plus importantes du calendrier juif. Elle commémore l'Exode, l'histoire fondatrice dans laquelle Dieu libère les Israélites de l'esclavage en Égypte, telle que relatée dans le Livre de l'Exode. Au cœur de ce récit se trouve la figure de Moïse, qui affronte Pharaon et libère son peuple de l'esclavage à travers une série d'événements dramatiques, culminant avec la séparation de la mer Rouge. Le nom « Pâque » fait référence à la dixième et dernière plaie, lorsque l'ange de la mort « passa » au-dessus des maisons des Israélites marquées du sang d'agneau. Pourtant, Pessah n'est pas seulement un souvenir historique ; elle préserve également des racines plus anciennes, liées aux anciennes fêtes printanières du pain sans levain et du sacrifice de l'agneau, symboles de renouveau, de migration et de changement de saison. C'est un moment de réflexion sur la liberté, la justice et la délivrance divine, célébré par un repas rituel appelé le Seder, rempli d'aliments symboliques, de lectures et de chants.


Certains premiers chrétiens étaient clairement convaincus qu'il serait souhaitable de définir leurs propres pratiques différemment de celles de la tradition juive. Le concile de Nicée, convoqué par l'empereur Constantin en 325 après J.-C., marqua un tournant décisif dans le débat sur la date de Pâques. Ce concile visait à résoudre divers désaccords théologiques au sein du christianisme, notamment la question du calendrier de Pâques. L'un des résultats importants du concile de Nicée fut l'établissement d'une formule de calcul de la date de Pâques, qui la distinguait du calendrier juif.


Le concile décida que Pâques serait célébrée le premier dimanche suivant la première pleine lune après l'équinoxe de printemps. Français Cette formule, connue sous le nom de calcul « ecclésiastique » de Pâques, a été conçue pour garantir que Pâques tomberait toujours un dimanche, le jour de la Résurrection. La décision a été prise pour un certain nombre de raisons. Premièrement, la séparation d'avec le judaïsme : le concile de Nicée a cherché à éloigner les observances chrétiennes des pratiques juives. Cela était cohérent avec la tendance croissante au sein du christianisme primitif à s'établir comme une religion distincte, séparée du judaïsme. Deuxièmement, une méthode universelle de calcul de Pâques était nécessaire pour éviter la confusion et les désaccords entre les communautés chrétiennes à travers l'Empire romain. Avant Nicée, différentes régions calculaient Pâques différemment, ce qui conduisait à un manque d'uniformité dans l'observance. Troisièmement, le choix du dimanche comme jour de Pâques était également théologiquement significatif pour les chrétiens, car le dimanche était le jour de la Résurrection. Célébrer Pâques le premier dimanche après la pleine lune était une façon d'honorer cet événement d'une manière qui n'était pas liée au calendrier juif de la Pâque. La façon dont cette distanciation théologique et politique des traditions juives s'est jouée était à travers l'astronomie et le nombre.


  1. Astronomie


La Fête Mobile


La date de Pâques change chaque année, contrairement à Noël, par exemple, qui tombe le premier jour après les trois jours du solstice d'hiver, lorsque les jours commencent enfin à s'allonger. Noël est clairement une fête solaire, marquant le début de l'approche du printemps. Au contraire, Pâques se déroule mystérieusement au cours des semaines de mars et d'avril, arrivant tantôt en avance, tantôt en retard. La raison ne réside pas dans la théologie, mais dans l'astronomie, plus précisément dans l'interaction ancestrale entre les cycles du soleil et de la lune.


Les règles de calcul de Pâques semblent d'une simplicité trompeuse : elle est célébrée le premier dimanche après la première pleine lune, à l'équinoxe de printemps ou après. Mais cette formulation est moins une règle qu'un compromis, une tentative séculaire de concilier l'année solaire (qui régit les saisons) et le mois lunaire (qui régit les phases visibles de la lune). Elle reflète également un paradoxe historique et religieux plus profond : Pâques est une fête chrétienne issue de la Pâque juive, mais elle ne coïncide pas toujours avec elle. Parallèlement, elle honore une résurrection historique, tout en étant liée à trois cycles : l’année solaire, l’année lunaire et la semaine de sept jours.


Cela fait de Pâques une « fête mobile » à plus d’un titre. Elle se déplace non seulement à travers le calendrier, mais aussi à travers le temps, reliant les rituels antiques aux conciles médiévaux, les prêtres-étoiles égyptiens aux empereurs romains, et les chronométreurs babyloniens aux évêques chrétiens. La fête s’inscrit dans une logique céleste plus ancienne que le christianisme, mais elle est également liée à un événement spécifiquement chrétien : la résurrection de Jésus. Cela confère à Pâques une double nature : terrestre et divine, cosmique et historique, fixée dans la foi mais fluide dans le temps.


Plus curieusement encore, la date à laquelle nous célébrons Pâques ne correspond pas toujours à la pleine lune astronomique réelle ni au véritable équinoxe. L’Église utilise une approximation ecclésiastique de ces marqueurs célestes, fondée sur des cycles élaborés dans l’Antiquité et affinés au Moyen Âge. La lune qui gouverne Pâques est une lune calculée, et non la lune dans le ciel.


Pourtant, derrière toute cette complexité liturgique se cache un profond instinct humain : rechercher l’ordre dans les cieux, harmoniser ce que nous voyons d’en haut avec les rythmes de la vie d’en bas. Les civilisations antiques, de la Mésopotamie à l’Égypte, considéraient les phases changeantes de la lune et la course du soleil dans le ciel comme faisant partie d’un ordre divin. Le simple fait de calculer Pâques est un héritage de cette tradition. À travers le prisme de cette fête luni-solaire, nous pouvons entrevoir les paradoxes des calendriers, l’élégance des cycles célestes, la politique du chronométrage religieux et les échos persistants des fêtes printanières préchrétiennes, lorsque le soleil et la lune n’étaient pas seulement des chronométreurs, mais des divinités dont la danse gouvernait la vie, la mort et le renouveau.


Pâques est comme un point d’ancrage pour de nombreuses autres fêtes du calendrier liturgique.


Mercredi des Cendres – 46 jours avant Pâques (marque le début du Carême ; 40 jours de jeûne, sans compter les dimanches).


Dimanche des Rameaux – 1 semaine avant Pâques (célébration de l'entrée de Jésus à Jérusalem).


Semaine Sainte – la semaine précédant Pâques, comprenant le Jeudi Saint, qui commémore la Cène, le Vendredi Saint, qui commémore la crucifixion, et le Samedi Saint, la veillée précédant le dimanche de Pâques.


  • Temps pascal – la période de 50 jours commençant le dimanche de Pâques.


  • Ascension – 40 jours après Pâques (commémoration de l'ascension de Jésus au ciel).


  • Pentecôte – 50 jours après Pâques (célébration de la descente du Saint-Esprit).


  • Dimanche de la Trinité – le dimanche après la Pentecôte.


  • Fête-Dieu – le jeudi (ou dimanche) suivant le dimanche de la Trinité.


La date la plus proche pour Pâques est le 22 mars, le lendemain de l'équinoxe. Cependant, ce phénomène est assez rare, la dernière fois qu'il s'est produit en 1818, et ne se reproduira pas avant 2285. La date la plus tardive possible est le 25 avril, et pour que cela se produise, la pleine lune doit tomber le 20 mars, la veille de l'équinoxe. Là encore, ce phénomène est assez inhabituel, la dernière fois qu'il s'est produit en 1943. Le prochain aura lieu en 2038.


Les quarts de jour de l'année, équinoxes et solstices, divisent le cycle solaire en quatre, mais ils sont complétés par les quarts de jour croisés de la tradition celtique : Imbolc, Beltane, Lughnasadh et Samhain, chacun constituant une charnière saisonnière profondément ancrée dans la vie agricole et spirituelle. Dans ce cadre solaire, les fêtes luni-solaires qui rayonnent à partir de Pâques – Pentecôte, Ascension, Carême et autres – ajoutent une autre couche complexe, liant l’observance religieuse au miroir mobile du ciel, où le soleil et la lune tracent ensemble le calendrier sacré. Au cœur de tout cela se trouve une question simple avec une réponse étonnamment complexe : quand est Pâques et pourquoi ?


Français L'une des caractéristiques les plus frappantes de Pâques et de Pessah est leur rôle dans la réconciliation des calendriers lunaire et solaire, deux anciens systèmes de chronométrage qui ne s'alignent pas naturellement. L'année solaire, avec son cycle régulier d'équinoxes, de solstices et de jours croisés, constitue l'épine dorsale de nombreux calendriers agricoles païens, suivant le retour de la lumière, la maturation des récoltes et les saisons de travail et de repos. Le calendrier lunaire, en revanche, évolue selon un rythme différent, avec des mois qui suivent la croissance et la décroissance de la lune, se désynchronisant du soleil à moins d'être ajusté. Ce que font des fêtes comme Pessah et Pâques, chacune dans sa propre tradition, est d'opérer une sorte de réconciliation rituelle entre ces deux cycles. Tous deux sont fixés au printemps, une saison de renouveau et d'émergence, lorsque la lumière revient et que la terre bouge. Ce placement n'est pas accidentel : il témoigne du désir d'ancrer le temps humain dans le grand modèle cosmique. On pourrait même dire que ces fêtes reflètent un effort pour apprivoiser le chaos, intégrer le mystère lunaire à l'ordre solaire, harmoniser le ciel et la terre, et affirmer que la vie, la lumière et la libération prévaudront sur l'obscurité et le désordre. Qu'ils soient appelés Eostre, Pessa'h ou Pâques, ces rites printaniers évoquent une aspiration humaine ancestrale à l'harmonie cosmique, inscrite dans la structure même du calendrier.


La science du temps


Lune de Pâques, Wikimedia Commons. La demi-lune ressemble un peu à un œuf de Pâques…
Lune de Pâques, Wikimedia Commons. La demi-lune ressemble un peu à un œuf de Pâques…

Pour une fête aussi profondément liée au rituel et à la tradition, la datation de Pâques est fondamentalement un problème scientifique. Plus précisément, comme pour Pessah, il s'agit de concilier deux horloges (presque) incompatibles : le mois lunaire et l'année solaire. La lune accomplit son cycle visible, nouveau, plein et retour, en environ 29,53059 jours (le mois synodique), tandis que la Terre complète son orbite autour du soleil en environ 365,242199 jours. Douze mois lunaires totalisent un peu plus de 354 jours, ce qui laisse un écart d'environ 11 jours par an entre un calendrier lunaire et les saisons réelles.


Si rien n'était fait, cet écart entraînerait une dérive constante des mois lunaires, et donc des fêtes qui leur sont liées, au cours de l'année solaire. Pessah, par exemple, se terminerait rapidement en hiver, puis en automne, puis en été. Mais les cultures anciennes l'avaient reconnu bien avant l'avènement des télescopes ou des horloges atomiques. Ils connaissaient les phases de la lune, mais aussi les saisons du soleil. Et ils voulaient les deux.


Le calendrier hébreu, dont Pâques tire en partie sa logique, est une merveille d'ingéniosité scientifique. Il n'est ni purement lunaire, ni purement solaire, mais luni-solaire, conçu pour honorer le cycle lunaire tout en restant ancré à l'année solaire. Il y parvient en ajoutant un mois intercalaire complet sept fois par cycle de 19 ans. Ce n'est pas un hasard. Ce cycle de 19 ans, appelé cycle de Méton (du nom de l'astronome grec Méton, qui l'a probablement hérité de sources babyloniennes), est étonnamment proche de la synchronisation des deux horloges :


19 années solaires ≈ 235 mois lunaires


Pour être précis, 19 années tropiques (d'environ 365,2422 jours chacune) équivalent à 6 939,601 781 jours. 235 mois synodiques (lunaires) (d'environ 29,53059 jours) équivalent à 6 939,68865 jours. La différence sur l'ensemble du cycle ? Moins de deux heures.


Le calendrier hébreu utilise ce modèle pour déterminer quelles années sont « enceintes », shana me'uberet, avec un mois supplémentaire, et lesquelles ne le sont pas. La règle est élégante : les années 3, 6, 8, 11, 14, 17 et 19 de chaque cycle de 19 ans bénéficient d'un mois supplémentaire, Adar I, avant l'habituel Adar II. Ce système permet de lier Pessah, célébré le 15 Nissan, première pleine lune du printemps, à la saison des renaissances, même si la lune croît et décroît de manière autonome et non synchronisée.


Cette solution était non seulement astucieuse, mais aussi empirique. Elle a nécessité des siècles d'observation attentive du ciel à l'œil nu. Les érudits babyloniens et juifs de l'Antiquité tenaient des registres détaillés des levers et couchers lunaires, des équinoxes et des alignements d'étoiles. Ils n'étaient pas seulement des prêtres ou des sages, mais aussi des astronomes avertis. Les Égyptiens, eux aussi, observaient le temps avec une attention extraordinaire. Leur calendrier civil de 365 jours était lié au lever héliaque de Sirius, une étoile qui, remarquaient-ils, coïncidait avec la crue du Nil, un événement crucial de leur année agricole. Bien que leur calendrier dérivât par rapport aux saisons, les Égyptiens en étaient parfaitement conscients. Leur solution ne consistait pas à fixer l'année avec des jours intercalaires, mais à suivre de longs cycles, comme le cycle sothique de 1 460 ans, au cours desquels la dérive se réalignerait. Il ne s'agissait pas d'erreurs, mais de systèmes conçus pour contenir l'erreur et l'absorber gracieusement au fil du temps.


Dans la Grèce antique, des astronomes comme Cléostrate et Méton proposèrent des cycles calendaires de 8, 19 ou 76 ans qui synchronisaient les mois lunaires et les années solaires. Les Grecs n'inventaient pas ces cycles, mais les héritaient et les retravaillaient à partir des traditions mésopotamiennes et égyptiennes. Ainsi, lorsque les premiers érudits chrétiens ont entrepris de calculer Pâques, ils ne construisaient pas quelque chose de nouveau. Ils s'appuyaient sur une ancienne tradition de chronométrage millénaire, transculturelle, linguistique et religieuse. Cependant, à la difficulté de déterminer un calendrier reflétant le plus précisément possible les cycles solaire et lunaire s'ajoutait la nécessité, ressentie par beaucoup, de célébrer Pâques un dimanche.


Au départ, certains, notamment en Asie Mineure, suivaient la tradition quartodécimane : célébrer Pâques le 14 Nissan, quel que soit le jour de la semaine, en parfaite harmonie avec le calendrier juif. Mais d'autres insistaient pour que Pâques tombe toujours un dimanche, jour de la Résurrection. Au IIe siècle, ce désaccord s'était aggravé. Polycarpe, évêque de Smyrne et disciple de l'apôtre Jean, se rendit à Rome vers 155 de notre ère pour débattre de la date avec Anicet, l'évêque de Rome. Ils convinrent d'être en désaccord, mais les germes du conflit étaient semés. La controverse quartodécimane commença. Les chrétiens d'Asie Mineure (par exemple, Polycarpe de Smyrne) célébraient Pâques le 14 Nisan (comme la Pâque juive), quel que soit le jour de la semaine. Cependant, Rome et l'Occident préféraient célébrer Pâques le dimanche suivant la Pâque juive, symbolisant la résurrection. Bède critique ceux qui « prétendent que la même chose devrait être célébrée le quatorzième mois avec les Hébreux » (7), ajoutant que « cette manière de célébrer Pâques a continué parmi eux pendant 150 ans, jusqu'à l'année de l'incarnation de notre Seigneur 715. » (8) Au début du IVe siècle, le monde chrétien était fracturé non seulement par la théologie mais aussi par les guerres de calendrier. Les églises d'Alexandrie, de Rome, d'Antioche et de Jérusalem utilisaient toutes des systèmes différents pour calculer la date de Pâques. Certaines suivaient encore le calendrier juif ; d'autres le rejetaient, souvent pour des raisons antijuives, préférant calculer leur propre pleine lune pascale. Le résultat fut un chaos ecclésiastique : certaines années, les communautés chrétiennes voisines célébraient Pâques à des jours différents.

Silver medallion of 315; Constantine with a chi-rho symbol as the crest of his helmet
Silver medallion of 315; Constantine with a chi-rho symbol as the crest of his helmet

Entre en scène Constantin. Au concile de Nicée en 325, celui-là même qui produisit le Credo de Nicée, Constantin convoqua des évêques de tout l'empire pour résoudre des différends théologiques et administratifs. L'un de leurs objectifs était d'unifier la date de Pâques.


La décision du concile était aussi politique qu'astronomique. Pâques ne serait plus directement liée à la Pâque juive. Au lieu de cela, le concile décréta que Pâques tomberait le premier dimanche après la première pleine lune suivant l'équinoxe de printemps, une formule qui semblait à la fois symbolique et cosmiquement juste. Cependant, les détails restaient vagues. Il n'existait pas de définition consensuelle de l'« équinoxe de printemps » (devait-il être le 21 mars ? l'équinoxe réel ?). Il n'existait pas non plus de méthode unifiée pour trouver la « pleine lune pascale », une lune théorique, pas nécessairement la pleine lune astronomique. Les Alexandrins, avec leurs tables astronomiques avancées et leurs siècles d'observation, prirent rapidement l'initiative d'élaborer un système. Mais Rome développa sa propre version. Et ainsi, ironiquement, la tentative d’unifier Pâques a simplement engendré de nouvelles méthodes de division.


Le premier concile de Nicée, avec Arius représenté comme vaincu par le concile, gisant sous les pieds de l'empereur Constantin
Le premier concile de Nicée, avec Arius représenté comme vaincu par le concile, gisant sous les pieds de l'empereur Constantin

L'une des conséquences fut que, pendant le millénaire suivant, l'Église s'appuya sur des lunes calculées, et non observées. Pâques n'était plus directement liée au ciel, mais à l'astronomie ecclésiastique, une abstraction fondée sur d'anciens cycles, tables et approximations. La pleine lune qui déterminait Pâques n'était pas nécessairement celle qui brillait au-dessus de votre tête. C'était la lune telle que l'Église la calculait.


L'ensemble du processus devint connu sous le nom de computus, terme latin signifiant « calcul », et il évolua au fil des siècles, absorbant erreurs, corrections, réformes et politiques. Pourtant, la formule de Nicée, bien qu'ambiguë, est toujours valable :


Pâques est le premier dimanche suivant la pleine lune ecclésiastique qui a lieu le 21 mars ou après.


Une règle simple, masquant une vaste profondeur de mécanique céleste et de compromis théologiques.


Le Computus : Comment calculer une résurrection


Après Nicée, l'Église fut confrontée à une tâche inhabituelle : prédire une pleine lune qui n'existait pas, du moins pas dans le ciel. Cette « pleine lune pascale » était une construction, et non une lune littérale, et devait être définie à l'aide de cycles et de calculs valables année après année, idéalement pour toujours. L'outil utilisé était le comput, un ensemble de règles mathématiques permettant (en théorie) de déterminer la date de Pâques à partir d'une année donnée.


Déterminer la date de Pâques a toujours été un exercice d'équilibre complexe, impliquant trois cycles qui se chevauchent : la lune, le soleil et la semaine. Premièrement, Pâques doit tomber pendant le premier mois lunaire du printemps, ce qui la rattache directement aux phases de la lune, plus précisément le premier dimanche suivant la première pleine lune suivant le seuil du printemps. Mais qu'est-ce qui définit le « printemps » ? Certaines communautés chrétiennes primitives utilisaient l'équinoxe de printemps (autour du 21 mars) comme repère, tandis que d'autres suivaient une logique astrologique plus ancienne, plaçant le point du printemps à l'entrée du soleil dans la constellation du Bélier. Deuxièmement, Pâques doit tomber un dimanche, un rythme de sept jours propre à la tradition judéo-chrétienne, ce qui rend la fête à la fois lunaire et hebdomadaire. Ce mélange de cycles lunaires, solaires et hebdomadaires a fait du computus, le système de calcul de Pâques, l'un des efforts intellectuels les plus complexes de l'Église primitive.


Pâques est une fête luni-solaire, déterminée non seulement par la période de l'année, mais aussi par les phases de la lune. Elle doit tomber le premier dimanche après la première pleine lune suivant l'équinoxe de printemps, ce qui signifie qu'elle dépend de trois cycles qui se chevauchent : l'année solaire, le mois lunaire et la semaine de sept jours. Le problème est que 12 mois lunaires (environ 29,5 jours chacun) totalisent environ 354,36 jours, soit environ 11 jours de moins que l'année solaire de 365,25 jours. Ce décalage s'accumule rapidement et doit être corrigé en insérant occasionnellement des mois lunaires supplémentaires, appelés mois emboliques, afin de maintenir le calendrier en phase avec les saisons.


Les astronomes et théologiens de l'Antiquité ont développé plusieurs cycles pour gérer ce problème. Si l'on considère l'excédent lunaire de 0,3683 mois par année solaire, on peut l'estimer par différentes fractions rationnelles :


  • 3/8, soit 3 mois lunaires intercalés tous les 8 ans ;


  • 4/11, soit 4 embolies tous les 11 ans ;


  • 7/19, le célèbre cycle de Méton, utilisé par les Babyloniens, puis par les Grecs et les Chrétiens ;


  • 31/84, une approximation moins courante mais étonnamment proche.


Chacun de ces cycles a été utilisé dans différentes traditions calendaires, mais le cycle de Méton de 19 ans s'est avéré le plus fiable pour aligner les années solaires sur les phases lunaires, sans nécessiter trop de corrections. Malgré cela, le cycle métonique est légèrement plus long, décalé d'environ un jour tous les 312 ans. Les computistes chrétiens ont donc introduit une correction occasionnelle appelée saltus lunae (« saut de lune »), sautant un jour du cycle lunaire tous les 19 ans.


Il faut ensuite tenir compte du cycle hebdomadaire. Pâques doit tomber un dimanche ; tout cycle calendaire complet visant à reproduire le modèle des dates de Pâques doit donc également être divisible par 7.


Le cycle solaire, un système de 28 ans qui suit la récurrence des jours de la semaine avec les dates du calendrier, a résolu le problème du cycle hebdomadaire. Au sein de ce cycle, chaque année se voyait attribuer une lettre dominicale, de A à G, correspondant au jour de la semaine où tombe le 1er janvier. Grâce à la lettre dominicale, il était possible de déterminer les dimanches de l'année, puis de les associer aux tables lunaires pour trouver le premier dimanche après la pleine lune pascale. Imaginons que vous cherchiez à calculer la date de Pâques pour l'année 1204. Commencez par trouver son nombre d'or : 1204 ÷ 19 = 63, reste 7 → nombre d'or = 7.


Ensuite, à l'aide d'une table, trouvez la pleine lune pascale associée à GN 7, disons le 5 avril. Trouvez ensuite le premier dimanche après le 5 avril. En 1204, c'était le 6 avril.


Pâques en 1204 était donc le 6 avril.


En raison du décalage des jours de la semaine lors des années bissextiles, les dates et les jours de la semaine ne se répètent de la même manière que tous les 28 ans dans le calendrier julien. Ainsi, un véritable cycle pascal doit être divisible à la fois par 19 (pour l'alignement lunaire) et par 28 (pour les jours de la semaine), ce qui nous donne le cycle pascal classique de 532 ans (19 × 28), au sein duquel Pâques se répète à l'identique.


Comme l'explique Bède :

Notez bien qu'en raison de ce cycle solaire, qui dure 28 ans, il est nécessaire que 28 cycles de 19 ans soient accomplis avant que la séquence identique pour l'observation de Pâques ne se répète à tous égards, de sorte que chaque année de ce cycle [solaire] devienne la première année d'un cycle de 19 ans, et de même, que chaque année du cycle de 19 ans suive comme la première de ce [cycle solaire]. Ainsi, toute la série de l'observance de Pâques sera achevée en pas moins de 532 ans. (10)

Cependant, avant que ce système romain ne devienne la norme, d'autres approches furent essayées. L'Église celtique d'Irlande utilisait un cycle de 84 ans. Il s'agissait d'une tentative astucieuse d'harmoniser le temps solaire et le temps lunaire. Sur 84 années solaires (environ 30 681 jours), on compte environ 1 039 mois lunaires, ce qui est très proche de 84 × 12,3683, le nombre de mois lunaires en 84 ans. L'écart entre 84 années solaires et 84 années lunaires est d'environ 924 jours, soit 11 jours par an × 84 ans. Cela équivaut à 30 mois lunaires intercalés plus 24 jours, ou 31 embolies moins 6 jours, ce qui est suffisamment proche pour rendre le cycle de 84 ans utilisable. Le système celtique traitait la dérive lunaire en insérant un saltus lunae tous les 12 ans afin de réaligner le calendrier. Cependant, le cycle métonique de 19 ans a finalement prévalu grâce à sa plus grande précision à long terme. Le passage du cycle de 84 ans au comput romain de 532 ans marque un tournant dans l'alignement ecclésiastique et la standardisation théologique.


Computus pascal celtique vs. méthode romaine


  Français L'Église celtique utilisait une méthode distincte pour calculer la date de Pâques, qui était différente de celle adoptée par l'Église romaine. Cette différence n'était pas simplement une question de préférence locale ; elle est devenue un point de discorde théologique et politique majeur, culminant avec le synode de Whitby en 664 de notre ère. Alors que la méthode romaine s'appuyait fortement sur le cycle métonique (un cycle de 19 ans pour suivre les phases de la lune et les aligner sur l'année solaire), la méthode celtique était basée sur un cycle de 84 ans, un système qui n'était pas aussi sophistiqué mathématiquement que l'approche romaine mais toujours enraciné dans les harmoniques luno-solaires. Bède écrit dans Histoire ecclésiastique de la nation anglaise :


Pendant ce temps, Augustin, avec l’aide du roi Éthelbert, réunit en conférence les évêques, ou docteurs, de la province voisine des Bretons, en un lieu encore appelé aujourd’hui Augustine’s Ac, c’est-à-dire le Chêne d’Augustine, à la frontière des Wiccii et des Saxons de l’Ouest. Il commença par des exhortations fraternelles pour les persuader de préserver l’unité catholique avec lui et d’entreprendre l’œuvre commune de la prédication de l’Évangile aux Gentils. Car ils ne célébraient pas le dimanche de Pâques à la date fixée, mais de la quatorzième à la vingtième lune ; ce calcul correspond à une révolution de quatre-vingt-quatre ans. (6)

  La méthode métonique était plus précise dans la mesure où elle harmonisait les phases lunaires avec le calendrier solaire tous les 19 ans, garantissant ainsi que la pleine lune pascale (la première pleine lune après l'équinoxe de printemps) tombait à la même date dans l'année solaire. Ceci, à son tour, fixait Pâques à une période cohérente chaque année.


En revanche, le cycle de 84 ans de l'Église celtique reposait sur des calculs plus simples et, bien que moins précis scientifiquement que la méthode romaine, il cherchait néanmoins à aligner Pâques sur les cycles luno-solaires. Il se basait sur l'observation que tous les 84 ans, la pleine lune pascale et le dimanche de Pâques tombaient aux mêmes dates et jours de la semaine, s'alignant ainsi sur les anciens systèmes de chronométrage combinant les rythmes solaire et lunaire.


Le cycle de 28 ans, appelé cycle solaire, est un outil pratique pour comprendre comment les dates du calendrier et les jours de la semaine se réalignent au fil du temps. Dans une année civile standard de 365 jours, chaque date avance d'un jour de la semaine chaque année (par exemple, si le 1er avril tombe un lundi une année, il tombera un mardi l'année suivante). Mais tous les quatre ans, une année bissextile ajoute un jour supplémentaire, le 29 février, ce qui fait avancer le calendrier de deux jours de la semaine au lieu d'un. En raison de ce mélange de décalages d'un et de deux jours, il faut exactement 28 ans pour que les mêmes dates calendaires tombent à nouveau aux mêmes jours de la semaine dans le calendrier julien, largement utilisé dans l'Europe chrétienne primitive. Cela a fait du cycle de 28 ans un moyen utile de prédire les jours de la semaine des années futures, et il a été l'un des premiers éléments constitutifs du calendrier chrétien, notamment pour le calcul des fêtes mobiles comme Pâques. Mais comment aligner ce cycle sur l'année lunaire ?


Le cycle métonique : un raccourci lunaire


La clé du comput est le cycle de Méton, une découverte de l'ancienne Babylone formalisée par l'astronome grec Méton d'Athènes au Ve siècle av. J.-C. Méton a constaté que 19 années solaires équivalent presque à 235 mois lunaires, ce qui signifie qu'après 19 ans, les phases de la lune reviennent aux mêmes dates dans le calendrier solaire. Ce cycle est devenu la base de la prédiction des événements lunaires sans observation du ciel.


Dans le comput, à chaque année de ce cycle de 19 ans était attribué un nombre d'or, de 1 à 19. Connaître le nombre d'or d'une année donnée permettait de déterminer la date approximative de la pleine lune pascale à l'aide de tables précalculées. L'Église a développé et mis à jour ces tables au fil du temps, notamment dans l'ouvrage de Bède le Vénérable au VIIIe siècle.

Ces cycles n'étaient bien sûr pas parfaits. Le cycle de Méton est décalé d'un peu plus de deux heures tous les 19 ans. Le calendrier julien, encore en usage, dérive d'un jour tous les 128 ans par rapport à l'année solaire. Mais pour l'Europe médiévale, où la précision se limitait à un ou deux jours au fil des siècles, ces systèmes étaient étonnamment efficaces.


Pour faciliter la tâche du clergé et des moines, des tables furent élaborées, denses, codées et profondément symboliques. Une table de Pâques médiévale typique comprenait le Nombre d'Or, la Lettre Dominicale, l'Épacte (un nombre qui suivait l'âge de la lune au 1er janvier) et la date de la pleine lune pascale. À partir de ces éléments, on pouvait trouver Pâques. Tout cela se faisait sans télescopes, sans horloges, et même sans chiffres indiens ou arabes. Le computus était un triomphe de la logique symbolique, codé en latin, revêtu d'une signification religieuse et transmis par les manuscrits avec un soin méticuleux.


L'Église d'Irlande du Sud adopta le cycle romain en 631, suivie par l'Église d'Irlande du Nord (à l'exclusion d'Iona) en 686, les Pictes en 710 et enfin Iona en 715 ou 716.


Comment compter jusqu'à 19 sur une main ? Une page du manuscrit du XVIIe siècle Computus Runicus d'Ole Worm, publié en 1626. Le texte est une transcription/description d'un calendrier runique produit en 1328. D'après le manuscrit de Worm, Ole (1626). Computus Runicus
Comment compter jusqu'à 19 sur une main ? Une page du manuscrit du XVIIe siècle Computus Runicus d'Ole Worm, publié en 1626. Le texte est une transcription/description d'un calendrier runique produit en 1328. D'après le manuscrit de Worm, Ole (1626). Computus Runicus

« Main de Pâques », table conçue comme une calculatrice perpétuelle pour déterminer le jour de Pâques. Chacune d'elles semble représenter une combinaison d'une lettre dominicale (a, b, c...) et d'un nombre d'or (16, 17, etc.). Elle vous indique que dans une année avec le nombre d'or 15, la lettre dominicale est C, et ainsi de suite. Chaque ligne regroupe les années avec la même lettre dominicale et vous indique les nombres d'or qui lui correspondent. Cela permet à l'utilisateur de rechercher la pleine lune pascale et le dimanche qui suit, vous donnant Pâques.
« Main de Pâques », table conçue comme une calculatrice perpétuelle pour déterminer le jour de Pâques. Chacune d'elles semble représenter une combinaison d'une lettre dominicale (a, b, c...) et d'un nombre d'or (16, 17, etc.). Elle vous indique que dans une année avec le nombre d'or 15, la lettre dominicale est C, et ainsi de suite. Chaque ligne regroupe les années avec la même lettre dominicale et vous indique les nombres d'or qui lui correspondent. Cela permet à l'utilisateur de rechercher la pleine lune pascale et le dimanche qui suit, vous donnant Pâques.


Réparer le ciel : la réforme grégorienne et ses conséquences


Au XVIe siècle, le calendrier julien s'était désynchronisé d'environ dix jours par rapport à l'année solaire. Cela peut paraître peu, mais cela suffisait à décaler l'équinoxe de printemps, et donc la date de Pâques. Selon l'Église, l'équinoxe de printemps était censé avoir lieu le 21 mars, date fixée au concile de Nicée. Mais en 1582, il se produisait déjà aux alentours du 11 mars, ce qui constituait non seulement un inconvénient, mais aussi une véritable gêne pour l'humanité.


Le pape Grégoire XIII lança une commission pour corriger cette dérive et réancrer le calendrier de l'Église dans le ciel. Dirigée par le mathématicien et astronome jésuite Christopher Clavius, la solution était simple : sauter 10 jours : en 1582, le calendrier est passé directement du 4 au 15 octobre. Ajuster la règle de l'année bissextile : au lieu d'avoir une année bissextile tous les 4 ans sans exception (comme dans le calendrier julien), le calendrier grégorien saute les années bissextiles dans les années séculaires non divisibles par 400. Ainsi, 1700, 1800 et 1900 n'étaient pas des années bissextiles, mais 1600 et 2000 l'étaient. Ce nouveau système a ralenti la dérive à environ 1 jour tous les 3 300 ans.

Résurrection de Jésus-Christ (Résurrection de Kinnaird) par Raphaël, 1502, Wikimedia Commons
Résurrection de Jésus-Christ (Résurrection de Kinnaird) par Raphaël, 1502, Wikimedia Commons

Pâques dans le Nouvel Ordre


Le comput n'a pas été entièrement abandonné. La réforme grégorienne comprenait un comput révisé qui recalculait les Épactes (ces nombres d'âges lunaires) pour refléter les nouvelles règles du calendrier. Cela ajustait les tables de pleine lune pascale pour aligner Pâques sur l'équinoxe de printemps.


Ainsi, même dans ce système modernisé, Pâques est toujours basée sur :


  • Le Nombre d'Or (toujours calculé à partir du cycle métonique de 19 ans)


  • L'Épacte, désormais ajustée pour la précision grégorienne


  • La Lettre dominicale, recalibrée pour les nouvelles règles des années bissextiles


En bref, le système a été mis à jour, mais pas remplacé ; il a été rénové, et non démoli.


Si les pays catholiques ont adopté le calendrier grégorien presque immédiatement (Espagne, Italie, Portugal, Pologne), d'autres ont pris du retard pendant des décennies, voire des siècles. Les régions protestantes comme l'Angleterre ne l'ont adopté qu'en 1752, date à laquelle elles ont dû sauter 11 jours au lieu de 10.


Les Églises orthodoxes utilisent toujours le comput julien, ce qui explique pourquoi leur Pâques peut être décalée d'une à cinq semaines par rapport à la Pâques occidentale. Les astronomes, quant à eux, ont commencé à privilégier la Pâques astronomique, basée sur les phases lunaires et les dates d'équinoxe réelles, plutôt que sur des approximations du comput. Mais l'Église n'a jamais utilisé cette version.


Cette divergence signifie qu'aujourd'hui encore, des chrétiens qui célèbrent la même résurrection le font à des jours différents, avec des lunes différentes, dans des calendriers qui diffèrent de plusieurs siècles.


Si la réforme grégorienne était un événement paneuropéen, les îles Britanniques ont longtemps été le théâtre de conflits calendaires, notamment concernant Pâques. Dès le VIIe siècle, le synode de Whitby (664 apr. J.-C.) constata que l'Église celtique, avec sa propre méthode de calcul de Pâques, était supplantée par la pratique romaine, dans une décision cruciale visant à unifier la pratique chrétienne sous l'autorité romaine. Il ne s'agissait pas seulement d'une question technique, mais d'une question d'allégeance et d'identité, Pâques étant la ligne de fracture.


L'importance du Soleil et de la Lune


On pourrait être tenté de rejeter toutes ces querelles calendaires, les épactes, les intercalations, le saltus lunae, comme étant ésotériques ou pédantesques. Mais pour les premiers penseurs chrétiens comme Bède le Vénérable, l'effort pour calculer correctement Pâques était tout sauf anodin. C'était une tâche sacrée, reliant le monde temporel à l'ordre divin et incarnant un riche symbolisme théologique dans la structure même du temps.


Dans son Reckoning of Time, Bède explique le mouvement complexe de la Lune au cours de l'année solaire, montrant comment les phases lunaires sont décalées de 11 jours chaque année, pour revenir à leur alignement tous les 19 ans. C'est le fondement du cycle de Méton et du système des épactes, qui indiquent l'âge de la Lune à une date fixe, le 22 mars, la date de Pâques la plus proche possible. Bède écrit :

Les épactes notées dans le cycle de 19 ans correspondent spécifiquement à l'âge de la Lune le 11e calende d'avril [22 mars], début de la fête pascale... Lorsque [les épactes] sont inférieures au nombre 16, elles annoncent la lunaison pascale, mais lorsqu'elles sont supérieures, elles nous invitent à rechercher Pâques lors de la lunaison suivante. En effet, la plénitude de la Lune pascale ne doit pas précéder l'équinoxe, mais plutôt le suivre...(9)

Pour Bède, il ne s'agit pas d'une simple formule astronomique, mais d'une théologie inscrite dans les cieux. Le lever du soleil sur l'équateur à l'équinoxe de printemps et la pleine lune qui le suit ne sont pas des événements naturels arbitraires, mais des symboles du Christ et de l'Église :


Il est nécessaire que le Soleil, puis la Lune, se lèvent dans la position où ils ont été créés à l'origine, afin que [le Soleil] triomphe de la longueur de la nuit en franchissant l'équinoxe, et que [la Lune], bien que plus petite, illumine toute la longueur [de la nuit] par sa plénitude… De même que la Lune et les étoiles ne brillent pas de leur propre lumière, mais la reçoivent du Soleil, de même l'Église et tous les saints possèdent le bien par lequel ils vivent, non par le mérite de leur propre vertu, mais par la grâce du Donateur généreux.(10)

Cette idée selon laquelle l'Église, telle la lune, reflète la lumière du Christ, Soleil de justice, n'était pas seulement poétique ; elle était essentielle sur les plans liturgique et cosmologique. La chronologie était théologique. Se tromper sur Pâques n'était pas seulement une erreur de calendrier, mais un manquement à l'ordre divin.


Ainsi, lorsque nous parlons d'aligner la fête de Pâques sur la première pleine lune après l'équinoxe, il ne s'agit pas seulement d'une conformité technique. Il s'agit de faire écho au moment de la création, lorsque Dieu plaça le « plus grand luminaire » et le « plus petit luminaire » dans le ciel pour gouverner le jour et la nuit (Genèse 1:16), et lorsque le Christ, en ressuscitant d'entre les morts, apporta une lumière nouvelle au monde. Cet alignement, soleil et lune, solaire et lunaire, ciel et terre, est ce que le computus s'efforce de préserver.


La semaine de sept jours, loin d'être arbitraire, reflète une structure cosmique héritée de l'astronomie antique, où chaque jour était associé à l'une des sept « planètes » classiques : le Soleil, la Lune, Mars, Mercure, Jupiter, Vénus et Saturne. Les premiers chrétiens ont adopté ce système non seulement par convention, mais aussi pour conférer au temps sacré une profondeur symbolique. Le dimanche, dies Solis, le jour du Soleil, a rapidement été associé à la résurrection du Christ, le « Soleil de justice » (Malachie 4,2), dont le lever a apporté lumière et renouveau au monde. Les Pères de l'Église, comme Justin Martyr et Tertullien, ne voyaient aucune contradiction dans cette association ; ils affirmaient plutôt que le symbolisme du soleil levant était providentiel, pointant vers le Christ ressuscité. De même que le soleil gouverne le jour, le Christ gouverne le temps et le salut. Parallèlement, la Lune, qui reflète la lumière du soleil et connaît des phases visibles, a été associée à la Vierge Marie et, par extension, à l'Église, toujours réceptive à l'illumination divine. Ainsi, Pâques devient un moment cosmique de réconciliation : l’année solaire et le mois lunaire sont harmonisés, les principes masculin et féminin (Soleil et Lune, Christ et Église) sont alignés, et tout le temps, hebdomadaire, mensuel et annuel, est orchestré autour de la résurrection. Comme l’écrit Bède dans De Temporum Ratione, « la perfection de la splendeur solaire… doit précéder la splendeur lunaire, qui est illuminée », rappelant que les complexités du calendrier ne sont pas seulement techniques, mais profondément théologiques.

Méthode de calcul de Pâques à l'aide du cycle métonique. L'aiguille centrale indique une méthode d'opération. Ce folio provient du manuscrit BNF Latin 7478, un « Livre des chauves-souris », conçu comme un calendrier portable pour les érudits itinérants. Rédigé par Paul de Kignin, il s'inspire du Kalendarium de Jean de Gmunden.
Méthode de calcul de Pâques à l'aide du cycle métonique. L'aiguille centrale indique une méthode d'opération. Ce folio provient du manuscrit BNF Latin 7478, un « Livre des chauves-souris », conçu comme un calendrier portable pour les érudits itinérants. Rédigé par Paul de Kignin, il s'inspire du Kalendarium de Jean de Gmunden.
  1. Réflexions sur Eostre


Derrière ces désaccords théologiques se cache peut-être une origine plus ancienne. Les îles Britanniques sont imprégnées de traditions préchrétiennes d'équinoxes et de solstices, avec des sites sacrés alignés sur les événements solaires et lunaires, nulle part ailleurs de manière plus évocatrice que dans la vallée de la Boyne, en Irlande. La colline de Slane, où saint Patrick aurait allumé le feu pascal devant le Haut Roi païen de Tara, est entourée de monuments mégalithiques tels que Newgrange, Knowth et Dowth. Ces structures sont antérieures au christianisme de plusieurs millénaires, mais témoignent d'une profonde compréhension des cycles solaires et peut-être aussi des rythmes lunaires.


Il n'est pas exagéré de se demander si ces sites antiques abritaient leurs propres rites printaniers, rites qui honoraient également le retour de la lumière et de la vie. Le moment choisi pour allumer le feu pascal au printemps sur une colline de pouvoir ancestral pourrait avoir été un acte calculé : non seulement une proclamation chrétienne, mais un écho délibéré d'anciennes observances saisonnières, repensées à travers le prisme de l'Évangile. Pâques, dans cette perspective, devient non seulement une célébration de la résurrection, mais un moment de synthèse culturelle, où le solaire et le lunaire, l'ancien et le nouveau, le local et l'universel s'harmonisent.


Un écho préchrétien


Le Vénérable Bède écrivant l'Histoire ecclésiastique du peuple anglais, d'après un codex de l'abbaye d'Engelberg, en Suisse.
Le Vénérable Bède écrivant l'Histoire ecclésiastique du peuple anglais, d'après un codex de l'abbaye d'Engelberg, en Suisse.

Plus profondément encore, un écho préchrétien fascinant se cache : Bède, moine et historien anglais du VIIIe siècle, nous apprend que le mois d’Ēosturmōnaþ (avril) devait son nom à une déesse appelée Éostre, vénérée lors des rites de fertilité printaniers avant l’avènement du christianisme.


Au chapitre 15 de De Temporum Ratione (Le calcul du temps, vers 725 apr. J.-C.), il écrit :

Eosturmonath a un nom qui est maintenant traduit par « mois pascal », et qui était autrefois appelé d'après une de leurs déesses nommée Eostre, en l'honneur de laquelle des fêtes étaient célébrées ce mois-là.

Bien que les preuves historiques concernant Éostre soient rares en dehors de Bède, cette association suggère que Pâques pourrait porter en elle la trace persistante de célébrations saisonnières plus anciennes, tissées dans la trame d'une fête chrétienne de la résurrection qui danse encore au rythme de la lune.


La plus ancienne mention explicite de Pâques par son nom remonte au VIIIe siècle. Il s'agit de la seule référence historique connue à Éostre, la prétendue déesse anglo-saxonne. Il convient de noter que Bède ne mentionne pas « Pâques » comme une fête chrétienne dans ce contexte, mais explique plutôt l'origine du nom du mois où tombe habituellement Pâques, que les chrétiens anglais avaient réutilisé. Dans la plupart des autres langues, la fête chrétienne tire son nom de la Pâque (Pessah hébreu), comme Pascha en latin et en grec, ou Pâques en français.


Si le lien entre la déesse mésopotamienne Ishtar et la figure anglo-saxonne Éostre est souvent évoqué, il reste spéculatif. Éostre n'est mentionnée qu'une seule fois dans les sources historiques conservées, par Bède, et il n'existe aucune preuve solide la reliant à une tradition ancienne répandue. Néanmoins, Ishtar et Éostre sont toutes deux associées au printemps, à la fertilité et au renouveau, et la logique symbolique d'une déesse descendant dans les ténèbres et revenant glorieuse résonne dans toutes les cultures. Qu'il existe ou non une filiation historique directe entre elles, les parallèles thématiques sont frappants.


Le motif d'une divinité descendant aux Enfers et revenant après trois jours trouve un écho frappant dans le récit chrétien de la mort et de la résurrection de Jésus. Dans l'ancien mythe mésopotamien d'Ishtar (ou Inanna), déesse de l'amour, de la fertilité et de la guerre, elle descend au royaume des morts, dépouillée de ses pouvoirs et finalement tuée. Après trois jours et trois nuits, elle est ramenée à la vie et remonte, apportant avec elle renouveau et fertilité. Cette imagerie de la descente, de la mort et du retour triomphal fait écho aux trois jours de Jésus au tombeau, culminant avec sa résurrection le dimanche de Pâques. Si le christianisme a émergé dans un contexte théologique et culturel distinct, la structure parallèle de ces récits suggère que ces schémas de mort et de renaissance, particulièrement liés aux cycles saisonniers du printemps, étaient répandus dans l'imaginaire antique. Que ce soit par héritage culturel, résonance théologique ou convergence symbolique, le récit de Pâques pourrait porter un écho ancien du drame sacré du retour de la lumière et de la vie.


Quelle que soit l'histoire, le nom de Pâques, en français, porte la tradition du mystérieux Eostre et de cette continuité ancestrale consistant à observer attentivement le soleil et la lune, sur de longues périodes, et à célébrer le renouveau et le printemps. Bien que Bède soit le seul à consigner son nom, l'idée qu'elle incarne est intemporelle. À chaque printemps naissant, quelque chose d'ancien s'agite, un rythme, un compte à rebours, un retour. Pâques n'est donc pas seulement une fête chrétienne ou un calcul calendaire. C'est un rappel que nous vivons au rythme des cieux et que chaque année, alors que nous cartographions la lune et attendons l'équinoxe, nous nous reconnectons également au monde antique, à sa science, à son symbolisme et à son sens de l'émerveillement.


Quant à la célébration chrétienne elle-même, elle est antérieure de plusieurs siècles à Bède. Au milieu du IIe siècle, les chrétiens célébraient déjà chaque année la résurrection, généralement le jour de la Pâque juive (14 Nisan) ou à une date proche. La plus ancienne référence connue à cette célébration provient de Méliton de Sardes (vers 160 apr. J.-C.), qui a écrit une homélie intitulée « Sur la Pâque ». La controverse quartodécimane du IIe siècle, où les Églises étaient en désaccord sur la question de savoir s'il fallait célébrer Pâques le 14 Nisan ou le dimanche suivant, montre que cette pratique était déjà bien établie et vivement débattue.



La logique céleste de Pâques


Derrière Pâques et Pessah se cache-t-il une ancienne fête printanière, qui non seulement célèbre le changement d'année à l'équinoxe, mais exige également la présence de la pleine lune ? Si de nombreuses cultures ont marqué l'équinoxe de printemps comme un moment d'équilibre et de renouveau cosmique, l'idée d'une fête programmée par la première pleine lune suivant l'équinoxe est beaucoup moins répandue et bien plus intrigante. Elle évoque quelque chose de plus complexe : une danse sacrée entre les rythmes solaire et lunaire, qui requiert à la fois lumière et obscurité, mouvement et opposition.


Dans la tradition chrétienne, Pâques célèbre la résurrection de Jésus. Dans Le Compte des Temps (VIIIe siècle), Bède le Vénérable explique avec beaucoup de soin les relations entre le soleil et la lune au fil des saisons. Lorsque la Lune est pleine, elle se lève en opposition directe avec le Soleil, et ainsi, comme le note Bède :


« Et lorsque [le Soleil] se tient à un équinoxe, la Lune, lorsqu’elle est pleine, se tient à l’autre. Et la distance à laquelle le Soleil a dépassé l’équinoxe ou le solstice qu’il a éclairé le plus récemment correspond évidemment à la distance à laquelle la Lune a dépassé le solstice ou l’équinoxe opposé. »(1)

En d'autres termes, la pleine lune est le miroir du soleil, placé en face de lui dans la grande roue du zodiaque. Ce miroir révèle quelque chose de plus profond : lorsque le soleil se lève en Bélier à l'équinoxe de printemps, la pleine lune se lève en Balance ou en Vierge, une opposition cosmique parfaite.


Bède poursuit :


« Lorsque six mois seront écoulés… le Soleil entrera dans la partie du ciel où la Lune est née vers l'âge de quinze jours. » (2)

La pleine lune devient alors une sorte de prophétie, un aperçu de la position du soleil dans six mois. Cette idée pourrait avoir des racines profondes. Dans la mythologie babylonienne, le voyage de la déesse Ishtar depuis les Enfers est célébré à la pleine lune, anticipant peut-être le retour du soleil dans son royaume à l'automne.


La tradition chrétienne a hérité non seulement de cette conscience lunaire, mais aussi de la complexité d'un calendrier luni-solaire, où les mois sont lunaires et les années solaires. Comme le note Irv Bromberg, l'agneau pascal était traditionnellement sacrifié le 14 Nisan, juste après la pleine lune, au moment le plus proche de l'équinoxe. Ce délicat équilibre a conduit à la nécessité de mois intercalaires périodiques, un treizième mois ajouté tous les deux ou trois ans pour synchroniser le calendrier avec les saisons.


Bède affirme également que Pâques doit avoir lieu après l'équinoxe :

La règle de l'observance de l'Église... veut que le jour de Pâques soit recherché entre les 11 calendes d'avril [22 mars] et les 7 calendes de mai [25 avril]... une doctrine non seulement de notre propre voie mais aussi de la loi mosaïque décrète que le jour de la fête pascale ne peut être célébré avant que cet équinoxe ne soit passé.(3)

Aujourd'hui, nous pouvons visualiser ces événements célestes grâce à des outils comme Stellarium, un planétarium numérique. En 2025, Pâques et Pessah tombent tard dans la saison : le soleil se lève en Poissons, le signe du poisson, symbole des premiers chrétiens, et la pleine lune en Vierge, associée à Marie. Il y a deux mille ans, le soleil se levait en Bélier, et la lune en Vierge. Six mois plus tard, le soleil se lèverait dans les griffes du Scorpion, juste sous Ophiuchus, le soi-disant 13e signe du zodiaque, longtemps ignoré mais aujourd'hui de plus en plus reconnu.



Le soleil se levait en Bélier, le bélier, à la Pâque, il y a deux mille ans, et la lune en Vierge. Six mois plus tard, le soleil se levait dans la griffe du Scorpion, juste en dessous d'Ophiuchus. Le lien avec le bélier ou l'agneau confère à l'agneau pascal sacrificiel une signification particulière, tant pour les traditions hébraïques que chrétiennes. Surtout si l'on se souvient que, dans le récit hébreu des douze plaies d'Égypte, le sang de l'agneau sacrifié, peint sur les portes d'entrée, devait protéger les maisons de la colère du Seigneur, permettant aux plaies d'Égypte de les « sauter », ou de les passer. Aujourd'hui, certaines traditions chrétiennes orientales prévoient un œuf rouge à Pâques, qu'elles conservent dans leur maison pendant un an jusqu'à Pâques suivante, symbolisant le sang du Christ, afin de protéger la maisonnée. Cet alignement confère une signification particulière à l'agneau pascal, tant dans les traditions hébraïques que chrétiennes. Dans le développement du christianisme romain, une double tension frappante émerge : un effort rigoureux pour se distancier non seulement du paganisme, mais aussi du judaïsme et, peut-être plus surprenant, des formes alternatives du christianisme lui-même, comme la tradition celtique. Ce triple rejet n’était pas seulement théologique, mais aussi symbolique et liturgique. L’Église primitive forgeait son identité dans un paysage spirituel dense, et ce, par opposition, par ce qu’elle n’était pas autant que par ce qu’elle était.


Cet éloignement n’est nulle part plus apparent que dans la longue controverse sur la date de Pâques. Les premiers chrétiens, dans des régions comme l’Asie Mineure et les pays celtiques, suivaient des traditions étroitement liées à la Pâque juive, célébrant la résurrection le 14 Nisan ou aux alentours de cette date, selon le calendrier lunaire. Il ne s’agissait pas d’hérésies, mais de pratiques plus anciennes, ancrées dans le contexte des événements réels décrits dans les Évangiles. Mais le christianisme romain rejetait cela, insistant sur une célébration dominicale uniforme, distincte du calendrier juif. Il s’agissait de bien plus qu’une querelle de calendrier. Il s'agissait de définir le temps chrétien séparément du temps juif, afin d'effacer toute dépendance à une tradition désormais considérée comme obsolète, voire hostile.


Et pourtant, l'ironie est indéniable. Jésus est appelé « l'Agneau de Dieu », un titre qui n'a de sens qu'à la lumière de la Pâque, où un agneau est sacrifié pour marquer la libération de l'esclavage. Les évangélistes situent intentionnellement la mort de Jésus pendant la semaine de la Pâque, renforçant ainsi ce lien. Même les astres s'alignent : lors de la Pâque de l'an 30 de notre ère, Stellarium montre le soleil se levant en Bélier, écho cosmique de l'agneau sacrificiel. Ces symboles sont profondément imbriqués, cosmiquement et rituellement. Rejeter les racines juives de la tradition, c'est rejeter le terreau sur lequel tout le mythe chrétien a été planté.


Simultanément, le christianisme romain prenait ses distances avec le paganisme et les expressions locales de la foi, comme celles pratiquées dans l'Église celtique, souvent plus ascétiques, mystiques et profondément liées à la nature et à l'indépendance monastique. Les conciles comme celui de Whitby en 664 portaient moins sur la pureté doctrinale que sur le pouvoir, la conformité et la centralisation ecclésiastique. L'Église romaine exigeait non seulement l'orthodoxie, mais aussi l'uniformité. Il y avait peu de place pour le pluralisme, que ce soit dans les dates, les tonsures ou la théologie.


Fenêtre sur le monde antique


En suivant le long et sinueux chemin qui mène à la Pâques moderne, à travers les cycles de la lune et du soleil, les tables et les disputes, les équinoxes et les décrets ecclésiastiques, nous commençons à percevoir non seulement une observance religieuse, mais quelque chose de plus ancien et de plus universel. L'union des temps solaire et lunaire n'est pas une simple prouesse technique, c'est un acte rituel de réconciliation entre deux forces célestes qui régissent la vie sur Terre. Dans les mythologies antiques, cette dualité était souvent divinisée : le soleil et la lune étaient les yeux jumeaux d'un dieu, regardant vers le ciel. En Égypte, le soleil et la lune étaient les yeux droit et gauche d'Horus, bien que d'autres aient prétendu qu'ils appartenaient à Râ ou même à Thot. L'un voit clairement le jour, l'autre observe subtilement la nuit. Réconcilier les deux, les faire danser ensemble dans des cycles et des calendriers, était une façon de préserver l'harmonie non seulement du temps, mais du cosmos lui-même. Que Pâques et Pessah tentent toutes deux, chacune à leur manière, d'honorer les cycles solaire et lunaire n'est pas un hasard. Ces fêtes marquent non seulement un moment de l'histoire sacrée, mais une chorégraphie céleste qui reflète une vérité plus profonde : une vie nouvelle commence lorsque les anciens schémas se réveillent. La pleine lune après l'équinoxe n'est pas seulement une date, c'est un symbole d'équilibre : lumière et obscurité à parts égales, la lune à son apogée, la terre qui reverdit.


Conclusion


Français L'histoire du calcul de Pâques, depuis ses racines dans les premiers conflits chrétiens jusqu'à son harmonisation ultérieure dans la réforme grégorienne, révèle une tapisserie complexe de considérations théologiques, culturelles et astronomiques. Alors que la réforme du calendrier grégorien était un effort paneuropéen pour normaliser l'observance de Pâques, les îles Britanniques sont restées un champ de bataille pendant beaucoup plus longtemps, la méthode distincte de calcul du jour de fête de l'Église celtique étant un symbole d'indépendance religieuse et d'identité culturelle. Le synode de Whitby en 664 de notre ère a marqué un tournant, lorsque l'Église romaine a annulé le computus celtique, alignant les îles Britanniques sur la pratique romaine, non seulement pour des raisons pratiques, mais comme une puissante affirmation de l'autorité ecclésiastique. L'Église celtique, profondément ancrée dans le monachisme ascétique, était profondément liée aux rythmes anciens du pays et à ses propres traditions, notamment une méthode de détermination de Pâques basée sur un cycle de 84 ans, un nombre qui semblait en résonance avec les cycles luno-solaires du temps.


Le computus est complexe, mais aussi assez simple d'une certaine manière. Trois cycles doivent être inclus dans un cycle plus grand : l'année solaire, l'année lunaire et les jours de la semaine, qui reflètent les sept planètes. Le nombre était manifestement très important pour les premiers théologiens chrétiens. À l'éloge du computus, Isidore de Séville écrit :


Le calcul [ratio] des nombres ne doit pas être dédaigné, car il révèle le mystère contenu dans de nombreux passages de l'Écriture Sainte. Ce n'est pas en vain qu'il est dit de Dieu [Sagesse 11.21] : « Tu as fait toutes choses avec mesure, nombre et poids.» Le nombre six, parfait dans ses facteurs, proclame la perfection du cosmos par une certaine signification numérique. De même, les quarante jours de jeûne de Moïse, d'Élie et de notre Seigneur lui-même ne peuvent être compris sans la connaissance des nombres. Il existe d'autres nombres dans l'Écriture sainte dont le symbolisme [figuras] ne peut être déchiffré que par ceux qui maîtrisent cette science. Grâce à la science des nombres, nous pouvons, dans une certaine mesure, rester fermes [consistere] lorsque, grâce à elle, nous analysons le cours des mois ou étudions la durée de l'année. En effet, grâce aux nombres, nous sommes instruits afin de ne pas tomber dans la confusion. Supprimer le nombre, et tout tombe en ruine. Supprimer le computus du monde, et l'ignorance aveugle enveloppera tout, et les hommes qui ignorent le calcul ne pourront plus se distinguer des autres animaux. (12)

Le désaccord, cependant, était plus qu'une simple question d'erreurs de calcul. Il s'agissait d'une question d'identité et d'allégeance, Pâques servant de ligne de fracture entre deux expressions divergentes du christianisme, l'une façonnée par le système impérial romain, l'autre profondément enracinée dans les traditions locales et autochtones. Des figures comme saint Colomba, qui a propagé le christianisme en Irlande, en Écosse et dans le nord de la Grande-Bretagne, incarnaient cette autorité spirituelle, qui rivalisait souvent avec l'influence de Rome. Les divisions au sein des maisons royales, comme celle de la reine Eanfled et du roi Oswiu de Northumbrie, illustraient les enjeux très personnels et politiques du conflit pascal. Le synode de Whitby a résolu ce clivage théologique en faveur de la pratique romaine, non sans laisser un héritage durable de tensions entre les traditions celtique et romaine.


Cependant, sous ces débats ecclésiastiques, se cache peut-être un lien plus profond et plus ancien avec la terre et ses rythmes anciens. Les îles britanniques, et plus particulièrement l'Irlande, ont longtemps été des centres de célébration solaire et lunaire préchrétienne. Des sites sacrés comme la vallée de la Boyne, Newgrange, Knowth et Dowth témoignent d'une compréhension ancienne des équinoxes et des solstices. Ces structures mégalithiques, millénaires plus anciennes que le christianisme, sont liées aux événements célestes d'une manière qui suggère une connaissance approfondie des cycles solaires et lunaires. L'allumage provocateur du feu pascal par saint Patrick sur la colline de Slane, sous le regard direct du haut roi païen de Tara, n'était peut-être pas une simple proclamation chrétienne, mais un acte calculé et délibéré de synthèse culturelle. En alignant le feu pascal sur l'équinoxe de printemps, un moment sacré dans les traditions anciennes, Patrick a peut-être réinterprété et réaffecté des rites saisonniers préexistants, plutôt que de les effacer complètement. Français Dans cette perspective, Pâques devient non seulement une célébration de la résurrection du Christ, mais aussi un reflet de la tension ancienne entre l'ancien et le nouveau, le solaire et le lunaire, le local et l'universel. La fusion des observances chrétiennes avec les fêtes celtiques antérieures montre comment le christianisme n'a pas simplement remplacé les croyances préchrétiennes, mais les a souvent absorbées et recontextualisées. Ce processus de synthèse culturelle a donné naissance à une forme unique de christianisme dans les îles britanniques, qui visait autant à aligner les rythmes cosmiques du soleil et de la lune qu'à célébrer la résurrection du Christ. Le calendrier de Pâques, enraciné dans les calculs astronomiques et les rites anciens, devient ainsi un témoignage vivant du pouvoir durable de la tradition et de la transformation, un rappel que les cycles des cieux, tout comme ceux de l'histoire humaine, ne sont pas linéaires mais profondément imbriqués.



Annexe


Nombres solaires et lunaires : 28, 19, 84 et 532


Pour bien comprendre comment le cycle de 84 ans de l’ancien système de calcul celtique s’intègre dans des systèmes de chronométrage plus vastes, il est important d’explorer le cycle solaire de 28 ans et le cycle métonique de 19 ans, car ces cycles forment ensemble le cycle pascal de 532 ans, crucial pour déterminer la date de Pâques dans le calendrier julien. 84 est égal à 3 x 28, soit 19 x 4 + 8.


Année solaire ≈ 365,242199 jours


Mois lunaire synodique (lunation) ≈ 29,53059 jours


12 mois lunaires ≈ 354,36708 jours


L'année lunaire est 10,875119 jours plus courte que l'année solaire (près de 11 jours). C'est pourquoi il est nécessaire d'ajouter des mois lunaires supplémentaires au fil du temps pour réaligner le système solaire.


Avec le computus de 84 ans : 84 années lunaires = 84 × 354,37 = 29 768,88 jours


84 années solaires = 84 × 365,2422 = 30 678,35 jours


Différence = 909,47 jours ≈ 30,8 mois lunaires


Ainsi, sur 84 ans, le calendrier lunaire accuse un retard d'environ 30,8 mois lunaires sur le calendrier solaire. Pour corriger ce décalage, les computistes celtes ont intercalé 31 mois lunaires (appelés embolies) sur la période de 84 ans. Cela a donné :


84 × 12 = 1 008 mois lunaires réguliers


+ 31 embolies = 1 039 mois lunaires au total


Soit :


1 039 × 29,53059 = 30 679,8 jours ≈ 84 années solaires (à environ 1,5 jour près)


C’est donc une bonne approximation, mais pas aussi précise que le cycle de Méton : le cycle de Méton de 19 ans = 235 mois lunaires, et 235 × 29,53059 = 6 939,69 jours. 19 années solaires correspondent à 6 939,60 jours. L’erreur est inférieure à 0,1 jour par cycle.


Le cycle solaire de 28 ans s’inspire du calendrier julien, dont l’année dure 365,25 jours. Cela signifie qu'en moyenne, l'année civile est légèrement plus longue que l'année solaire d'environ 0,25 jour. Par conséquent, le calendrier se décale d'un jour de la semaine chaque année, une année bissextile ajoutant un jour supplémentaire tous les quatre ans. En raison de ce décalage, après 28 ans, les dates du calendrier s'alignent à nouveau sur les mêmes jours de la semaine. Ce cycle de 28 ans est purement solaire, se concentrant sur la répétition des jours de la semaine avec des dates spécifiques de l'année civile.


Le cycle métonique de 19 ans est un cycle luni-solaire, ce qui signifie qu'il combine les éléments solaires et lunaires. Il est basé sur l'observation que 19 années solaires sont presque identiques à 235 mois lunaires. Cela en fait une méthode idéale pour synchroniser les phases lunaires avec l'année solaire, garantissant que les phases de la lune se répètent aux mêmes dates calendaires tous les 19 ans. Le cycle métonique était largement utilisé dans les anciens systèmes calendaires babyloniens et grecs, puis adopté dans le computus chrétien, le système utilisé pour calculer la date de Pâques.


En combinant le cycle solaire de 28 ans et le cycle métonique de 19 ans, on obtient le cycle de 532 ans. C'est la période après laquelle les phases lunaires (suivies par le cycle métonique) et les jours de la semaine (suivis par le cycle solaire de 28 ans) s'alignent à nouveau dans le calendrier julien. Ainsi, après 532 ans, la même séquence de dimanches de Pâques, de phases lunaires et de jours de la semaine se répète. Le cycle de 532 ans est devenu fondamental pour le calcul de Pâques dans le comput classique.


Mysticisme celtique des nombres et harmonie astronomique


Le lien entre ces cycles et d'autres phénomènes célestes, tels que les cycles planétaires et la précession, ouvre un dialogue entre les cosmologies anciennes et le désir chrétien de cartographier le temps sacré selon les rythmes de l'univers. L'une des idées les plus intrigantes dans ce contexte est une équation où les cycles planétaires, le cycle de Méton et la précession sont tous exprimés en années terrestres :


100 000 000 / (cycles planétaires × précession × cycle de Méton) ≈ 28


Voici les périodes orbitales définies en années terrestres :


  • Mercure : 0,24 an


  • Vénus : 0,615 an


  • Terre : 1 an


  • Mars : 1,88 an


  • Jupiter : 11,86 ans


  • Saturne : 29,46 ans


  • Lune : 0,0748 an (27,321661 / 365,256 = 0,0748014)


  • Précession des équinoxes : 25 920 ans


  • Cycle de Méton : 19 ans


La valeur de La durée de 0,0748 an pour la Lune est calculée en considérant le mois synodique, soit le temps nécessaire à la Lune pour revenir à la même position par rapport au Soleil, vue de la Terre, et en se basant sur une année sidérale de 365,256 jours.


100 000 000 / (0,24 x 0,615 x 1,88 x 11,86 x 29,46 x 0,0748 x 25 920 x 19) = 27,999364 ≈ 28


Ce résultat est très satisfaisant, car 28 est un nombre parfait. Un autre aspect intéressant de 28 est que 1/28 peut être traduit géométriquement par un rapport entre pi et la racine carrée de trois, avec une faible marge d'erreur. 2π / (3 x √3) x 29,53059 x 1 000 = 35 708,3769 (le nombre de jours d'une lunaison est de 29,53059)


1 000 000 / 28 = 35 714,2857


0,24 x 0,615 x 1,88 x 11,86 x 29,46 x 25 920 x 0,0748 x 19 / 100 = 35 715,0970


Curieusement, ce nombre, 35 715, correspond, à 5 cm près, à la longueur du rectangle formé par les trois plus grandes pyramides de Gizeh (en pouces anglais) , selon Flinders Petrie.


Cette équation suggère une résonance harmonique cachée entre :


La période orbitale des sept planètes classiques (dont le Soleil et la Lune) ;


La précession des équinoxes (environ 25 920 ans) ; et


Le cycle de Méton (19 ans).


Le résultat de ce calcul est d'environ 28 ans, soit le nombre d'années nécessaires pour qu'une même date calendaire tombe le même jour de la semaine dans le système julien. Ce lien suggère une unification symbolique :


L'ordre planétaire sacré septuple, reflétant les anciennes traditions reliant les sept planètes aux pouvoirs divins ;


Les cycles cosmiques du temps, tels que la précession et le cycle de Méton ;


Le calendrier rituel qui structure l'année chrétienne, notamment en ce qui concerne le calcul de Pâques.


Ainsi, le fait que le cycle de 28 ans résulte de ces multiples éléments célestes peut être vu comme le reflet symbolique d'une harmonie cosmologique plus profonde, d'un désir d'aligner les rituels terrestres sur l'ordre divin de l'univers.


En multipliant cette idée par le cycle métonique de 19 ans (28 × 19), nous aboutissons à nouveau au cycle pascal de 532 ans, renforçant l'idée d'une magnifique trame répétitive du soleil, de la lune et de la semaine. Cette structure reflète non seulement la façon dont les cieux sont perçus, mais aussi la compréhension chrétienne de Pâques comme un événement reliant l'ordre divin au temps humain.


Le cycle de 84 ans est-il un artefact de modèles cosmiques antérieurs ?


Le cycle celtique de 84 ans est intrigant car il pourrait représenter un vestige de systèmes de chronométrage antérieurs, moins précis mathématiquement que le cycle de 532 ans. Bien qu'il ne présente pas la même rigueur que le cycle métonique romain, le cycle de 84 ans reflète néanmoins une volonté d'inscrire les harmoniques luno-solaires dans un cadre cosmologique plus large. Le cycle de 84 ans semble refléter une phase de transition dans le développement des systèmes calendaires, qui a peut-être évolué avant que le comput alexandrin, plus précis, ne devienne dominant dans l'Église romaine. Le cycle métonique est plus précis dans l'alignement des années solaires et lunaires. Cependant, le cycle de 84 ans aurait pu être considéré comme plus avantageux à certains égards, car 84 = 3 × 28, et 28 est le cycle dans lequel les jours de la semaine se répètent dans le calendrier julien (car 7 jours × 4 ans = 28, en raison des années bissextiles). Ainsi, après 84 ans, les phases de la lune et les jours de la semaine se réalignent, ce qui en fait un point de réinitialisation intéressant.


En particulier, le nombre 84 a une résonance symbolique importante. Il peut être factorisé en 7 × 12, reliant le nombre sacré sept (qui apparaît souvent dans les cosmologies anciennes et la symbologie chrétienne) aux 12 mois de l'année. Cela établit un lien direct entre le concept du temps (divisé en mois) et la structure sacrée septuple qui imprègne de nombreux systèmes de pensée anciens.


De plus, 84 années lunaires équivalent approximativement à 1039 mois lunaires, ce qui pourrait avoir été utile pour suivre les phases de la lune sur une longue période, en particulier dans les cultures qui s'appuyaient fortement sur les observations lunaires à des fins rituelles et agricoles.


De plus, certains textes chrétiens primitifs des régions celtiques suggèrent que Pâques était parfois célébrée à la même date que la Pâque juive, ou ce que l'on appelait le « 14e jour de la lune ». Cette tradition quartodécimane, que l'Église romaine a finalement rejetée, indique que l'Église celtique primitive était profondément enracinée dans les méthodes de chronométrage lunaire et juive, reliant ainsi le cycle de 84 ans à des pratiques antérieures.


un cycle solaire de 28 ans. Il s'agit du temps nécessaire pour que les jours de la semaine se répètent aux mêmes dates, dans le calendrier grégorien ou tout autre système de calendrier de 365 jours comportant des semaines de 7 jours. Le cycle solaire de 28 ans découle de la façon dont le calendrier julien gère les années bissextiles et les jours de la semaine : la même date avance d'un jour de la semaine chaque année (par exemple, le 1er janvier passe d'un lundi à un mardi l'année suivante). Tous les quatre ans, une année bissextile ajoute un jour supplémentaire, ce qui décale le jour de la semaine de deux jours (par exemple, du lundi au mercredi). En raison de ce décalage, il faut 28 ans pour que la même date se resynchronise avec le même jour de la semaine. C'est le temps nécessaire pour que le schéma des années bissextiles et des jours de la semaine se répète dans le calendrier julien.


Ce cycle de 28 ans peut être combiné avec le cycle métonique de 19 ans, de sorte que les phases lunaires se produisent aux mêmes dates calendaires, et que cette même date tombe le même jour de la semaine. En multipliant les deux (19 × 28), on obtient un cycle de 532 ans, correspondant au moment où les phases lunaires et les jours de la semaine du calendrier julien se réalignent. Ainsi, après 532 ans, la séquence complète des dates de Pâques se répète à l'identique, Pâques étant une fête mobile, dépendant à la fois du soleil et de la lune. En 1582, la réforme grégorienne corrigea la dérive de l'équinoxe dans le calendrier julien, ce qui était essentiel pour aligner la date de Pâques sur l'équinoxe de printemps. Le calendrier julien lui-même comportait des inexactitudes qui ont entraîné une lente dérive de l'équinoxe de printemps au fil des siècles. Le calendrier grégorien La réforme chrétienne a corrigé ce problème en sautant certaines années bissextiles. Ainsi, le cycle de 532 ans ne s'applique qu'au calendrier julien, avec des semaines de 7 jours et une année de 365 jours, plus une année bissextile tous les quatre ans. Bien qu'il n'existe aucune preuve claire que le cycle pascal de 532 ans soit directement dérivé des systèmes antiques d'Égypte, de Babylone ou d'autres civilisations, le concept de combinaison des cycles lunaire et solaire était certainement une pratique courante. Les cultures anciennes cherchaient souvent à concilier les calendriers lunaire et solaire sur des périodes plus longues, ce qui est conceptuellement similaire au cycle de 532 ans dans la tradition chrétienne. La semaine de sept jours est très ancienne et était utilisée dans l'Inde antique et à Babylone, entre autres. La présence d'une semaine de sept jours est essentielle au bon fonctionnement du cycle de 532 ans, car elle assure la répétition périodique du dimanche de Pâques et d'autres jours importants aux mêmes jours de la semaine. Il est donc possible de reprendre l'équation vue précédemment, avec 100 000 000, et de la diviser par les sept cycles planétaires, la précession et un cycle métonique de 19 ans, ce qui donne presque exactement 28 ans, et de considérer 28 comme un nombre d'années. Il s'agit, comme nous venons de le voir, du cycle après lequel les jours de la semaine se répètent aux mêmes dates, à condition d'une période ininterrompue de 365 jours, avec un jour bissextile tous les 4 ans et aucun autre jour bissextile. 100 000 000 / (0,24 x 0,615 x 1,88 x 11,86 x 29,46 x 0,0748 x 25 920 x 19) = 27,999364 ≈ 28


Ceci peut être modifié comme suit :


100 000 000 / (0,24 x 0,615 x 1,88 x 11,86 x 29,46 x 0,0748 x 25 920) = 27,999364 x 19 ≈ 28 x 19


28 x 19 = 532


La répétition périodique du dimanche de Pâques et des autres jours importants de la semaine dure 532 ans. Ainsi, un cycle de 532 ans (cycles de 28 et 19 ans combinés) multiplié par les cycles des sept anciennes « planètes » et la précession donne 100 002 271,67419, soit près de 100 000 000.


Conclusion : Un symbolisme profond


Tout ceci suggère que l’Église celtique primitive participait à une réflexion plus vaste et plus ancienne sur la manière dont les rituels humains devaient s’harmoniser avec les rythmes divins du cosmos. La transition du cycle de 84 ans au cycle romain de 532 ans, plus précis mathématiquement, ne relevait pas seulement de la précision technique, mais aussi de la théologie, de la conformité et du pouvoir. L’adoption du cycle métonique par l’Église romaine marqua le triomphe d’une approche plus centralisée et standardisée de la mesure du temps, ce qui eut de profondes implications sur la relation entre l’autorité ecclésiastique et les cultures locales qu’elle cherchait à unifier.


Ce qui est le plus fascinant, cependant, c'est la façon dont votre compréhension numérique de l'intersection des cycles planétaires, de la précession et du temps sacré ouvre une fenêtre sur l'état d'esprit ancien, un état d'esprit qui cherchait à harmoniser l'univers physique avec la volonté divine. Pour les cultures anciennes du monde entier, le temps n'était pas simplement une construction humaine, mais un reflet du cosmos, un miroir des cieux qui déclarait la gloire de Dieu. En ce sens, Pâques devient plus qu'une simple fête chrétienne, elle devient un symbole de cette harmonie cosmique.



Jetez un oeil à cette interview avec Paul d'Esoteric Explorer à propos de cet article (en anglais):




Notes


  1. Bede, The Reckoning of Time, Bede, The Reckoning of Time - Beda (Venerabilis.), Beda Venerabilis (helgon.), el Venerable Beda (Santo), Bede Venerabilis Staff, Bede, the Venerable, Saint, 673-735 - Google Books

  2. Ibid

  3. Ibid

  4. Bede, The Ecclesiastical History Of The English Nation, Translated 1910, https://archive.org/details/in.ernet.dli.2015.24760/page/n183/mode/2up?q=Twice

  5. See https://www.megalithicireland.com/Hill%20of%20Slane.html

  6. https://archive.org/details/in.ernet.dli.2015.24760/page/n103/mode/2up?q=easter p 65

  7. https://archive.org/details/in.ernet.dli.2015.24760/page/n137/mode/2up?q=easter p 99

  8. https://archive.org/details/in.ernet.dli.2015.24760/page/n147/mode/2up?q=easter p 109

  9. Bede: The Reckoning of Time, Translated with introduction, notes and commentary by Faith Wallis, Translated Texts

    for Historians, 1999, Chapter 50

  10. Ibid

  11. Ibid. Chapter 53

  12. Cité dans l'introduction de Bede: The Reckoning of Time, Translated with introduction, notes and commentary by Faith Wallis, Translated Texts

    for Historians, 1999

    Isidorus in computi laude dixit: Ratio numerorum contemnenda non est. In

    multis locis sacrarum Scripturarum, quantum mysterium habet, elucet. Non enim frustra in laudibus Dei dictum est: Omnia in mensura et numero et pondere fecisti. Senarius namque numerus, qui partibus suis perfectus est, perfectionem mundi quadam numeri sui signifcatione declarat. Similiter et quadraginta dies, quibus Moses et Elias et ipse Dominus jejuna verunt, sine numerorum cognitione non intelliguntur. Sic et alii in Scripturis sacris numeri existunt, quorum figuras non nisi noti hujus artis scientiae solvere possunt. Datum etiam nobis est, ex aliqua parte sub numerorum consistere disciplina, quando mensium curricula disputamus, quando anni spatium redeuntis per numerum agnoscimus. Per numerum siquidem ne confundamur, instruimur. Tolle numerum a rebus omnibus, et omnia pereunt. Adime saeculo computum, et omnia caeca ignorantia complectitur. Nec di¡eri possunt a caeteris animalibus, qui calculi nesciunt rationem: De computo dialogus 647; my translation. The quotation is from Etym. 3.4. Isidore’s immediate source for both the phrasing and sense of this passage is Cassiodorus, Institutiones 2.4.7; ed. R.A.B. Mynors (Oxford: Clarendon Press, 1937):141.1^7. The ¢nal phrase may ultimately derive from Augustine, De libero arbitrio 2.16.42, ed. W.M. Green, CCSL 29 (1970):265.25^26: Formas habent creaturae, quia numeros habent, adime illis haec, nihil erunt. (‘‘Created things have forms because they have numbers; take this away from them, and they are nothing.’’)

 
 
 

1 Comment


p-fr
il y a 2 jours

Madame, Isis est en vous ! enfin un exposé clair ET COMPLET sur ces phénomènes complexes qui nous environnent, nous enveloppent. Milles mercis ? merci infiniment ? galactiquement merci. Et bien: cosmiquement MER-CI !

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